À une année 2025 riche en opportunités...
Par Luca Pesarini : Chief Investment Officer & Portfolio Manager chez ETHENEA
Les États-Unis sont au cœur de l'actualité. Les taux d'intérêt ont récemment fortement augmenté. Mais les premières lignes directrices politiques de la prochaine administration annoncent une nouvelle politique qui conduira à des baisses de taux. Cela aura un impact sur les décisions d'investissement.
Obligations - Inflation et croissance
La poursuite de la croissance du PIB américain est un objectif que Trump veut accélérer en baissant les taux d'intérêt. C'est là que la FED entre en jeu : des baisses de taux d'intérêt à court terme pourraient stimuler davantage l'économie. Mais l'indépendance de la banque centrale sera alors mise à l'épreuve, car la Maison Blanche pourrait exercer une pression.
L'arrêt de la hausse des taux d'intérêt à long terme pourrait également donner des impulsions à long terme : les droits de douane punitifs et les expulsions prévues ont probablement un effet moins inflationniste que ce que l'on craignait. Après la hausse fulgurante des taux d'intérêt de ces derniers mois, cela laisse présager une baisse des taux. Dans l'ensemble, nous prévoyons une baisse de l'inflation, qui se rapprochera de l'objectif de 2 %.
Un déficit public plus faible que prévu plaide en faveur d'une baisse des taux d'intérêt. Ainsi, la dette publique croît plus lentement et moins de nouvelles émissions sont nécessaires. Retenons que les taux d'intérêt américains vont diminuer à long terme : à court terme sous l'effet de la FED et à long terme en raison de la réduction des attentes inflationnistes et de la contraction de l'offre d'obligations d'État.
Pour toutes ces raisons, nous investissons dans des Futures en obligations américaines de 10 à 30 ans et prévoyons une baisse des taux d'intérêt.
Actions – le moteur de la croissance américaine
Nous pensons que le S&P 500 se situera entre 6.300 et 6.500 points, soit une hausse de 5 à 10 %. Les républicains, fraîchement renforcés par leur victoire électorale, mettent politiquement tout en œuvre pour stimuler l'économie. Quid de Trump ? Il en rajoute une couche au second tour. Il l'a promis - et si quelqu'un maîtrise l'art de la négociation... Avec son équipe triée sur le volet, il fera tout pour atteindre ses objectifs. Le scénario est écrit, que le spectacle commence !
Devises - pas de renforcement durable du dollar américain
Les discours électorales populistes ont une influence positive sur le dollar américain. À cela s'ajoutent l'attentisme chinois, l'escalade en Ukraine ainsi que la combinaison de la stagnation économique et de l'instabilité politique en Europe. Nous avons couvert notre exposition au dollar. Sa vigueur semble exagérée – n’importe lequel des facteurs susmentionnés pourrait rapidement faire vaciller la robustesse actuelle du billet vert. Une fois les exagérations passées, notre couverture sera revue à la baisse.
Trump a besoin de taux d'intérêt bas
Les républicains ont la mainmise sur les États-Unis. Leur nouveau président est à leur tête et ils dominent les deux chambres du Congrès. Le trade de reflation de Trump, qui a fait chauffer les débats, a été un premier avant-goût de ce qui pourrait arriver. Qu'est-ce qui nous attend après l'investiture ?
La situation de départ : les taux d'intérêt réels américains sont élevés et freinent trop fortement l'économie - un obstacle aux projets du nouveau président. Il lui faut des taux d'intérêt bas tout comme un moteur a besoin de carburant. Dans ce contexte, l'Europe est de plus en plus mise à mal : coincée économiquement entre les superpuissances américaine et chinoise, affaiblie politiquement par le dysfonctionnement de l'axe franco-allemand. Pour Trump, fin stratège, c'est là une occasion en or. Il connaît les faiblesses de la partie adverse et les utilise pour en tirer le maximum.
La BCE devra continuer à soutenir l'économie en baissant ses taux, la FED est plus à l'aise : elle peut agir, mais n'y est pas obligée. En outre, le deuxième mandat de Trump devrait être plus stratégique, avec des conseillers qui se pencheront encore plus sur l'économie.
Les droits de douane sur les importations toucheront vraisemblablement tous ceux qui produisent ou achètent trop peu aux Etats-Unis - mais pas de plein fouet ni à long terme. Comme pour nombre de ses promesses électorales, la mise en œuvre prendra du temps. Les programmes tels que les réductions d'impôts supplémentaires ne devraient pas démarrer avant 2026 au plus tôt.
Les annonces de Trump restent néanmoins à prendre au sérieux. Elles sont des éléments de négociation pour assurer un maximum d'avantages aux États-Unis. Les marchés financiers ont intégré cette tendance depuis longtemps.
Exagérations et extrêmes
En cette fin d'année 2024, les extrêmes dominent les marchés. Les discours populistes alimentent les craintes d'inflation et d'endettement. Les prévisions de baisse des taux d'intérêt ont chuté de manière drastique, passant de dix à quatre étapes d'ici fin 2025. Des montagnes russes qui illustrent l'exagération typique des marchés. Et c'est précisément là que réside une opportunité : reconnaître les exagérations et en tirer profit.
Pour les États-Unis, nous prévoyons une croissance de 1,9 à 2,5 % en 2025. La guerre des tarifs douaniers pourrait coûter jusqu'à 0,7 point - même dans ce cas, une solide croissance de 1,2 à 1,8 %, reste possible et est bien mieux que la stagnation de l'UE.