Des valorisations intéressantes et une croissance fondamentale
Par Christian Schmitt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea
Depuis environ 2007, nous constatons une amélioration constante des performances des actions de croissance à expansion rapide par rapport aux actions value faiblement cotées. Cette évolution divergente s'est même accélérée au cours des trois dernières années, de manière même extrême en 2020. Quelle est la probabilité d'une rotation du segment de croissance vers le segment value en 2021 ? Et dans quelle mesure cette rotation serait-elle durable à long terme ?
Quiconque suppose que nous allons connaître un renversement durable de la tendance susmentionnée au cours des prochaines années doit être déçu à ce stade. Par définition, les actions dites "value" se caractérisent par une faible valorisation. Le marché des capitaux est pour l'essentiel efficace - rien n'est donc bon marché sans raison.La faible valorisation des entreprises du camp value s’explique par trois éléments principaux. D'une part, il y a un manque de croissance structurelle. D'autre part, elles sont confrontées à de nouveaux concurrents disruptifs qui gagnent avec férocité des parts de marché et sont constamment approvisionnés en capitaux frais. De plus, les faibles taux d'intérêt exercent également une pression sur la valorisation des actions value. Nous ne pensons pas que l'un de ces trois facteurs entraînera un changement durable en faveur des actions value dans un futur proche. Par conséquent, en termes absolus, les perspectives à moyen et long terme de nombreuses actions value peuvent être considérées comme plutôt modestes. À plus long terme, la croissance fondamentale des entreprises reste un facteur décisif et nécessaire (!) pour une performance durablement positive des actions.
Extrapolations non critiques
Si, en revanche, nous nous concentrons sur une perspective à court terme pour l'année à venir, nous partons actuellement d'une situation extrêmement éprouvante en ce qui concerne l'évolution relative des deux styles d'actions. En particulier, les effets temporaires déclenchés par la pandémie actuelle semblent avoir été extrapolés trop loin et de manière trop peu critique dans le futur monde post-Covid. Les dernières semaines, avec les nouvelles positives au sujet d’un vaccin, ont montré aux investisseurs que même la surperformance des actions de croissance par rapport aux actions de valeur n'est pas à sens unique. D’ici le printemps 2021 au plus tard, un retour à la normale de notre vie sociale et communautaire - grâce aux progrès de la médecine et à l'approche de l'été - sera plus perceptible, plus tangible et plus durable. Combiné à une reprise cyclique, à des chiffres comparativement faible en 2020 et à une incertitude croissante quant à la poursuite de la politique monétaire extrêmement accommodante, le positionnement jusqu'ici très unilatéral de nombreux investisseurs pourrait être mis à l'épreuve.
Heureusement, le marché des actions n'est pas seulement soit noir soit blanc - value et croissance - mais offre une variété de nuances pertinentes et de facteurs d'influence. Dans cette optique, nous avons successivement modifié le focus du portefeuille d’Ethna-DYNAMISCH en passant d’actions d’un type plus défensif vers des actions davantage cycliques depuis les creux du mois de mars. Nous avons également pris les bénéfices des gagnants à court terme de la crise et investi plus massivement dans des entreprises qui, tout en subissant les effets du confinement à court terme, continuent à afficher une croissance structurelle convaincante sur le long terme. Nous considérons actuellement qu'il s'agit d'une combinaison convaincante de valorisations attrayantes et de croissance fondamentale.