La dette américaine en quête d’un nouveau plafond

Par Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea

Cette année, les investisseurs pourraient assister à un « remake » inattendu de la crise de la dette américaine de 2011. Les marchés financiers n’apprécient généralement pas l’incertitude. Mais jusqu’à présent, la nervosité reste circonscrite au marché des CDS.

Le 19 janvier, le Congrès américain a reçu une lettre pour le moins inhabituelle : son expéditrice, secrétaire au Trésor Janet L. Yellen, y avertissait les chefs de parti des deux chambres du Parlement que le plafond de la dette fixé à environ 31.400 milliards USD avait été atteint le jour même. Par ailleurs, Mme Yellen s’est déclarée contrainte de suspendre provisoirement les investissements dans les fonds de retraite des employés de la poste et des fonctionnaires dans le cadre de « mesures exceptionnelles ». Selon elle, si les parlementaires n’agissent pas rapidement pour relever le plafond de la dette, le premier émetteur obligataire au monde risque de faire défaut l’été prochain.

Bien que le plafond de la dette ait déjà été relevé à 79 reprises depuis la création des États-Unis et plus de dix fois depuis 2010 avec l’accord des partis, les participants au marché ont encore en mémoire les débats acharnés de 2011. En effet, en 2011, les parlementaires avaient fini par s’entendre in extremis deux jours avant l’expiration du délai du 2 août.

En ce qui concerne l’environnement économique, consommateurs et investisseurs en avaient durement ressenti les conséquences. La confiance des consommateurs et des entreprises avait chuté, l’indice d’actions S&P 500 avait plongé de 17 % les deux semaines précédant la date-butoir, tandis que la volatilité des cours des actions et les spreads de crédit s’étaient envolés et durablement maintenus à un niveau élevé. Les rendements des bons du Trésor arrivant à échéance le 2 août et d’autres instruments du marché monétaire se sont effondrés, tandis que certains bons du Trésor n’étaient plus acceptés en garantie d’opérations sur dérivés. L’accroissement des risques de défaut avait freiné la demande des investisseurs étrangers en bons du Trésor américain à court terme, tandis que le dollar avait perdu 9,2 % de sa valeur par rapport à l’euro entre le début de l’année 2011 et la résolution de la crise.

Personne ne sait si l’histoire se répétera cette année. Mais dans le contexte du ralentissement de la conjoncture américaine, un facteur négatif supplémentaire tel que de longues négociations sur le plafond de la dette pourrait faire pencher la balance vers la récession. L’économie américaine suit une trajectoire de croissance plate, notamment en raison du fort appétit de consommation des Américains. Mais si un grain de sable venait enrayer la machine, une profonde récession serait à craindre.

Des emprunts d’État sûrs ?

En 2011, il y a malgré tout eu un gagnant improbable, à savoir les bons du Trésor américain à long terme qui ont été achetés en masse par les investisseurs les deux semaines précédant la date-butoir. Conséquence : le rendement à 10 ans a diminué, passant de 3 % à 2 %. Même si le risque de défaut souverain était plus grand que jamais, les investisseurs ont paradoxalement cherché refuge dans les titres de créance à long terme du gouvernement américain, dans la mesure où le dollar était encore la première devise mondiale et que l’administration américaine disposait d’une capacité d’émission monétaire en théorie illimitée dont elle avait d’ailleurs fait récemment usage. Si nous devions assister à une épreuve de force comparable à celle de 2011, les investisseurs privilégieront les emprunts d’État sûrs pour les mêmes raisons, ce qui fera baisser les rendements.

Le marché des CDS (assurances contre le défaut de paiement) estime déjà que le risque de répétition de 2011 est très élevé. Les spreads des CDS, qui reflètent les coûts d’assurance des dettes américaines, ont atteint des niveaux similaires à ceux de 2011.

Des liquidités suffisantes jusque début juin

En revanche, le marché actions américain continue de rattraper les pertes de l’année 2022, ne montrant aucun signe de panique. Les consommateurs sont détendus et toujours enclins à dépenser malgré la bataille politique à venir. Compte tenu du passé, nous pensons qu’un compromis sur un nouveau plafond de la dette sera trouvé. Pour l’instant, les feux des projecteurs sont braqués ailleurs et les Américains ont d’autres préoccupations. Mais cela pourrait changer si l’échéance approche, notamment si les médias s’emparent de la problématique de la dette.

Selon Janet Yellen, les réserves de liquidités des caisses de l’État fédéral (environ 400 Mds USD) et les recettes fiscales courantes devraient suffire à honorer tous les paiements jusqu’au début du mois de juin. D’ici là, le Parlement devra trouver un compromis pour éviter le défaut de paiement. Le Congrès a encore le temps d’aplanir les divergences d’opinions politiques et comme l’histoire le montre, les politiciens américains tendent à enterrer la hache de guerre tôt ou tard pour éviter le scénario catastrophe évoqué plus haut si le pays était menacé de faillite.

Les marchés financiers n’apprécient généralement pas l’incertitude. Mais jusqu’à présent, la nervosité reste circonscrite au marché des CDS. Compte tenu de la mauvaise réputation des spéculateurs qui y sévissent, le public n’y prête pas plus attention que cela. Plus les parlementaires trouveront rapidement un accord, plus l’économie et les nerfs des investisseurs seront épargnés. En dehors des spéculateurs en CDS, personne ne tirerait parti de turbulences semblables à celles de 2011. Plus vite le nouveau plafond de la dette sera relevé, mieux ce sera.

Volker Schmidt
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