La gestion de portefeuille en période de baisse de liquidité obligataire
Par Dr. Volker Schmidt, expert en obligations et gestionnaire de portefeuille senior chez ETHENEA Independent Investors S.A
La liquidité sur les marchés obligataires diminue malgré les injections massives des banques centrales et les plans de relance gouvernementaux. Les obligations d'entreprises de haute qualité libellées en euros sont devenues rares. Quel est l'impact de cette situation sur la gestion de portefeuille ?
La pandémie de coronavirus a contraint de nombreux gouvernements à s'endetter davantage pour financer leurs vastes plans de relance économique. Aux États-Unis, le déficit de 3 800 milliards de dollars pour l'exercice budgétaire qui vient de s'achever a dépassé de 2 200 milliards de dollars le chiffre de l'année précédente. Au moment d’écrire ses lignes, le prochain plan de relance était encore en discussion.. Dans l'Union européenne, une partie de la forte dette publique est transférée au niveau communautaire. Ainsi, l'UE deviendra le plus grand émetteur d'obligations libellées en euros dans les années à venir, dans le cadre du programme de relance "Next Generation Europe". Par conséquent, une nouvelle augmentation de la dette en 2021 est considérée comme certaine. Pour leur part, les banques centrales ont acheté à plusieurs reprises des obligations d'État et des obligations d'entreprises ces dernières années dans le cadre de leurs programmes d'assouplissement quantitatif et ont encore renforcé leurs mesures à la suite de la crise du coronavirus.
Augmentation du prix des obligations, diminution de la liquidité
Alors pourquoi la liquidité sur les marchés diminue-t-elle malgré les injections massives par les banques centrales et les plans de relance des gouvernements ? Les carnets d’ordres des banques commerciales n'ont cessé de se réduire au cours des années qui ont suivi la crise financière mondiale. En conséquence, elles manquent de plus en plus de réserves pour pouvoir prendre des ordres ou vendre des obligations se trouvant déjà dans leurs carnets. En mars 2020, lorsque la BCE n'a effectué que des achats à petite échelle et que la Fed n'a pas du tout agi en tant qu'acheteur, nous en avons vu les conséquences. Non seulement les obligations d'entreprises ont été impossibles à vendre durant une courte période, mais les obligations souveraines ont également perdu une grande partie de leur valeur. Les nouveaux rachats en masse des banques centrales et le faible niveau des stocks des banques d'investissement ont eu quant à eux pour conséquence une offre limitée. Cela entraîne une hausse importante des prix des obligations et une diminution de la liquidité lorsque les investisseurs institutionnels, tels que les compagnies d'assurance, les fonds de pension ou les fonds d'investissement, doivent par la suite acheter des obligations supplémentaires, notamment en raison des afflux de capitaux.
La gestion obligataire des fonds Ethna
En raison à la fois des achats en cours de la BCE et de la faible quantité d’émissions, les obligations d'entreprises de haute qualité libellées en euros sont devenues rares. Nous conserverons donc nos positions au sein des portefeuilles d’Ethna-DEFENSIV et d’Ethna-AKTIV. Celles-ci servent de points d'ancrage pour leur stabilité. De plus, en raison de la pénurie d'offre susmentionnée, nous pouvons exclure la possibilité de ne pas parvenir à revendre ces obligations. La situation est similaire pour les contreparties libellées en USD, qui apportent également davantage de stabilité aux portefeuilles d’Ethna-DEFENSIV et Ethna-AKTIV. Toutefois, les obligations souveraines resteront très liquides compte tenu du volume d'émission toujours élevé et des rachats des banques centrales. Si la reprise économique après la crise du coronavirus s'avère meilleure que prévu et que les attentes en matière d'inflation augmentent également, les rendements des obligations souveraines à long terme en particulier devraient augmenter. Nous prévoyons donc des opportunités d'investissement intéressantes pour les portefeuilles d’Ethna-DEFENSIV et d’Ethna-AKTIV au cours de l'année prochaine.