Obligations : possibilité d’une nouvelle hausse des rendements à moyen terme
Face à la possibilité d'une hausse de l'inflation, les investisseurs obligataires gardent également un œil sur les politiques monétaires des banques centrales et leur impact sur les rendements. Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea, présente ses perspectives et explique comment il gère le portefeuille obligataire du fonds Ethna-DEFENSIV dans l’environnement volatile actuel.
La Fed maintient pour le moment sa politique monétaire, mais son ton devient de moins en moins conciliant. Lors de la séance du mois de juin, elle a ainsi pour la première fois laissé entendre avec précaution qu’elle réfléchissait à une réduction progressive des programmes d’aide. Le fait que la Fed ait signalé son intention de surveiller étroitement l’évolution de l’inflation et la demande des fonds de pension et des investisseurs étrangers pour les emprunts libellés en dollar ont mis un terme à l’ascension des rendements au deuxième trimestre, faisant redescendre les rendements des bons du Trésor américain à dix ans au niveau de 1,35 %.
En revanche, la BCE achète des emprunts d’État et des obligations d’entreprises à un rythme accru depuis le début du deuxième trimestre. Malgré cela, elle n’a pu qu’atténuer la hausse des rendements à long terme sans parvenir à la stopper complètement. Les rendements des Bunds allemands à 10 ans, qui s’établissaient à -0,6 % en début d’année, atteignent actuellement -0,30 %.
Les mesures de politique monétaire des banques centrales ont créé des conditions de financement favorables. Les entreprises ont ainsi pu pour la plupart se financer à bon compte sur les marchés financiers cette année et faire des provisions pour les années à venir. Résultat, les primes de risque des obligations d’entreprises ont sensiblement diminué jusqu’à des niveaux proches de leurs points bas historiques dans toutes les catégories de risque. Ainsi, aux États-Unis, le rendement des obligations CCC affichant un risque de défaut élevé n’est plus que de 4,77 % supérieur à celui des emprunts d’État américains.
Différentes banques centrales mineures, dont la Banque du Canada ou la Banque d’Angleterre, ont commencé à réduire progressivement leur politique monétaire accommodante. La Réserve fédérale devrait leur emboîter le pas dans les mois à venir, ce qui laisse augurer une nouvelle hausse des rendements à moyen terme. Si, contrairement aux attentes, la Fed maintient ses programmes, les rendements américains devraient rester à un bas niveau, mais les taux d’inflation risquent de s’envoler.
En conséquence, le positionnement du fonds Ethna-DEFENSIV reste prudent et nous avons réduit la duration du portefeuille obligataire à environ cinq ans. Cette approche nous satisfait pleinement pour le moment dans la mesure où le risque pour la performance du fonds posé par la flambée de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt est limité, tandis que cette fourchette d’échéances offre encore des rendements raisonnables, notamment en dollar. De même, des émetteurs connus affichant une solvabilité bonne, voire excellente (la notation de crédit moyenne du fonds s’établit entre A- et A) forment le noyau dur de notre portefeuille obligataire. Nous le complétons par des titres à haut rendement dans l’optique de dégager un surcroit de performance. Ce faisant, nous misons sur des entreprises aux modèles économiques stables dans des secteurs relativement peu sensibles à la conjoncture tels que les biens de consommation et l’industrie pharmaceutique.
Pour les mois à venir, nous estimons que les rendements oscilleront autour de leurs niveaux actuels, voire reculeront légèrement. Mais à plus long terme, de nouvelles hausses des rendements sont à prévoir. Une gestion active de la duration est donc incontournable dans l’environnement de marché actuel afin d’adapter la sensibilité aux taux d’intérêt à la hausse comme à la baisse.